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Troisième dimanche de Pâques B - 4 mai 2003
 
La reconnaissance du Ressuscité

L'apparition aux disciples d'Emmaüs (Luc 24, 35-48)
Autres lectures : Actes 3, 13-15.17-19;
Ps 4, 2.7.9; 1 Jean 2, 1-5a

 

Les spécialistes du Nouveau Testament ont l'habitude de classer les récits d'apparition de Jésus ressuscité en récits de reconnaissance (par exemple : Lc 24, 13-35, Jn 20, 11-18.24-29) et récits d'envoi en mission (par exemple : Mt 28, 9-10, 16-20; Jn 20, 19-23). Le récit que nous lisons aujourd'hui réunit les deux dimensions. En effet, la scène d'envoi en mission(vv. 44-48) est précédée d'une reconnaissance de Jésus par les disciples.

      Le début du récit fait le lien avec l'épisode précédent, le récit des voyageurs d'Emmaüs (vv. 13-33). Les deux disciples reviennent en hâte à Jérusalem raconter l'expérience qu'ils viennent de vivre. Ils y trouvent leurs amis bouleversés eux aussi par l'apparition de Jésus à Simon (Pierre). C'est à ce moment qu'ils constatent que Jésus est présent au milieu d'eux, les saluant avec la formule habituelle : La paix soit avec vous (v. 36).

      Deux questions paraissent surgir dans l'esprit des disciples: l'identité de l'apparition, et son statut : fantôme ou réalité. Pour établir son identité, Jésus va montrer les marques de la passion : Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi (v. 39, voir aussi la scène de la reconnaissance par Thomas, Jn 20, 24s). Le ressuscité est donc bien le même que celui qui a souffert la passion et qui est mort sur la croix; il y a identité entre le Jésus de l'histoire, que les disciples ont fréquenté, et le Christ glorifié. Dès les premiers temps de l'Église, cette identité n'allait pas de soi et il était important d'en apporter un témoignage concret face aux interrogations qui pouvaient surgir dans les différentes communautés (voir par exemple : Mt 28, 11-15).

      Un doute subsiste pourtant : cette apparition de Jésus est-elle bien réelle ou s'agit-il d'un esprit? Car, au temps de Jésus, on admettait l'existence des fantômes, ou d'autres êtres immatériels, au moins dans certains cercles du judaïsme. Pour établir la réalité du corps ressuscité de Jésus, l'évangéliste met de l'avant d'abord son caractère matériel. Touchez-moi et regardez; un esprit n'a pas de chair ni d'os, et vous constatez que j'en ai (v. 39). Le propos de l'auteur n'est pas de nous renseigner sur la nature des corps glorieux; on ne peut donc tirer argument de ce passage pour spéculer sur les modalités de la résurrection. Ce que Luc veut affirmer avec force, c'est la réalité de la résurrection : celui que les disciples ont vu n'était pas une illusion subjective, ni un fantôme, ni un être extraterrestre, mais le corps glorifié du crucifié.

      Le deuxième argument pour établir cette réalité est celui du repas pris en commun : « Jésus leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger? Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux » (vv. 41-43). Le partage du repas est l'un des lieux par excellence de la rencontre du Ressuscité (voir aussi : vv. 30-32; Jn 21, 9-14; Ac 1, 4). Cette participation à la table du Seigneur deviendra même un des fondements du témoignage des apôtres: Dieu l'a ressuscité le troisième jour et lui a donné de se manifester, non à tout le peuple, mais aux témoins que Dieu avait choisi d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts (Ac 10, 40-41).

 

Jérôme Longtin, ptre, bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1926. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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