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Cinquième dimanche de Pâques C - 9 mai 2004
 
La gloire et l'amour

Introduction aux discours d'adieu (Jean 13, 31-33a.34-35)
Autres lectures : Actes des Apôtres 14, 21b-27; Ps 144 (145);
Apocalypse 21, 1-5a

 

Qui ne rêve pas de ces deux réalités? C'est justement de cela dont Jésus va entretenir ses disciples lors de la dernière soirée passée avec eux. Après leur avoir lavé les pieds (Jean 13, 1-17) et avoir annoncé la trahison de Judas (Jn 13, 21-30), il entreprend son long discours d'adieu, sorte de testament laissé non seulement au petit groupe des fidèles qui l'entourent en ce moment particulièrement dramatique mais aussi à toute l'Église de toutes les générations (Jn 13, 31 - 17, 26).

La gloire

     La gloire fait partie du vocabulaire caractéristique du quatrième évangile. Il ne s'agit pas seulement de la célébrité ou de la bonne réputation. L'idée biblique de gloire se rapporte d'abord à Dieu; elle veut exprimer quelque chose de la richesse - par ailleurs inexprimable - de son être. Lorsque des humains sont déclarés glorieux, c'est qu'ils participent, d'une certaine manière, à la gloire de Dieu, par exemple, le prophète Élie (cf. Sir 48, 4).

     Le discours de Jésus commence par une double affirmation portant sur le présent : Maintenant le Fils de l'homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui (v. 31). L'Heure est maintenant venue pour Jésus de passer de ce monde à son Père (cf. Jn 13, 1) et ce passage révèle pleinement qui il est et quelle est sa mission. En allant jusqu'au don de sa vie, Jésus manifeste le mystère de l'amour de Dieu pour l'humanité; en ce sens, Dieu est glorifié en lui c'est-à-dire que la Pâque de Jésus est la révélation plénière du projet de Dieu.

     Ainsi se trouve réalisé ce que Jésus avait annoncé un peu auparavant : Voici l'heure où doit être glorifié le Fils de l'homme (Jn 12, 23) et exaucée la prière qu'il formulait à ce moment-là : Père, glorifie ton Nom (Jn 12, 28). Le geste symbolique du lavement des pieds est déjà une anticipation de son ultime service, sa mort sur la croix. En se mettant volontairement à la place du serviteur, Jésus révèle le vrai visage du Père lui qui a aimé le monde jusqu'à envoyer son Fils pour le sauver (cf. Jn 3, 16-17).

     En réalisant pleinement sa mission, Jésus sera associé à la gloire de son Père. Le verbe glorifier est ici au futur (v. 32) car c'est au moment de son élévation sur la croix que le Christ aura totalement accompli sa mission (cf. Jn 19, 28-30) et il sait bien que cette Heure est maintenant toute proche.

...et l'amour

     Si on demande à quelqu'un, même sans formation religieuse spéciale, ce qui est le plus caractéristique de l'enseignement de Jésus, il y a de fortes chances qu'il cite le commandement de l'amour sous l'une ou l'autre de ses formes. Dans l'évangile de Jean, l'accent porte surtout sur l'amour mutuel. L'amour envers les personnes extérieures à la communauté chrétienne n'est pas exclu, mais ce qui apparaît au premier plan, c'est l'amour des disciples les uns envers les autres. Cette constatation, jointe aux appels pressants à l'unité conservés dans le même évangile, nous font supposer que Jean s'adressait à une communauté en proie à des rivalités sérieuses (cf. Jn 17, 11.21).

     Jésus identifie l'amour mutuel comme le critère qui permet de reconnaître ses disciples. De même que Jésus révèle le vrai visage de Dieu en acceptant de donner sa vie par amour, ainsi les disciples de Jésus manifestent leur appartenance en essayant d'aimer comme lui-même l'a fait : Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres (v. 34). C'est leur manière à eux de participer à la gloire de Dieu que de devenir, dans le monde, signes et témoins de son amour.

     Le commandement de l'amour est donc plus qu'une simple règle de bonne conduite, il a une dimension théologale; aimer à la manière de Jésus, c'est manifester la gloire de Dieu en montrant au monde son vrai visage. En cela réside la nouveauté du précepte donné par Jésus : pas simplement une règle parmi d'autres mais une ligne directrice qui fait de toute la vie des disciples une révélation du Dieu d'amour.

Jérôme Longtin, prêtre, bibliste
Longueuil, Québec

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1970. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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