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23e dimanche ordinaire B - 10 septembre 2006

 

« Tout ce qu'il fait est admirable... »

Guérison d'un sourd-muet Marc 7, 31-37
Autres lectures : Isaïe 35, 4-7a; Psaume 145 (146); Jacques 2, 1-5


Le récit de la guérison d'un sourd-muet, opérée par Jésus, se déroule sans la présence du public. Dieu, en Jésus, se fait proche de l'infirme. En relisant cet épisode, aujourd'hui, il est possible de rejeter le fait dans un passé révolu, qui ne reviendra pas, qui ne peut plus se reproduire. Que devient alors la Bonne Nouvelle de Jésus, Christ, pour nous? Quant à Marc, quelle interprétation donne-t-il de la guérison? La découverte de la largeur, de la longueur et de la profondeur de la Parole peut ouvrir tout cœur confiant et sincère à l'inouï de Dieu.

Le Royaume : une heureuse rencontre, non prévue
     Dans l'Évangile de Marc, le récit de guérison du sourd-muet appartient à la section des pains et de la parole (6, 30 - 8, 26), où se construit le monde nouveau, le Royaume que Jésus travaille à établir. Jésus alors se heurte à la dure réalité des institutions juives, lors de la discussion avec les Pharisiens, incapables de comprendre (7, 1-22). Devant leur surdité et leur dureté, Jésus se rend dans les régions païennes de Tyr et de la Décapole. Quel événement inattendu que cette marche vers la terre païenne!

     Là, il rencontre une femme, puis un sourd-muet : la première est agissante, tandis que le second est porté par son entourage. Jésus se fait proche du malade, établit un contact physique, selon les coutumes et les usages de l'époque. Mais Jésus n'est pas n'importe quel thaumaturge. De lui jaillit la santé, le corps de l'infirme devient habité par la vie. Physique seulement? Ou corporel et spirituel?

     L'évangéliste fournit l'indice de qui est véritablement le thaumaturge en présence. Marc s'appuie sur Isaïe (35, 4-7a, première lecture; selon la traduction grecque de la Bible). Chez le prophète, une totalité d'infirmités est regroupée sous les catégories suivantes : les aveugles, les sourds, les boiteux, les muets qui sont comblés de la grâce du Seigneur. Pour le peuple hébreu, le moment où le désert arrosé refleurira, où les malheureux seront des vivants, ce temps sera celui du temps messianique. Jésus, proche du sourd-muet, est celui qui se tient au cœur de la détresse, et celui par qui Dieu sauve son peuple; il est porteur de vie définitive pour l'humanité.

     Jésus, certes, vainc les grandes misères corporelles, mais aussi, symboliquement, il désire soulager le peuple croyant de sa difficulté à écouter la parole de Dieu.

L'impératif : Ouvre-toi!
     L'enseignement de Jésus heurte les Pharisiens, mais les disciples eux-mêmes ne comprennent pas. Jésus leur dit : Vous aussi, êtes-vous donc sans intelligence (7, 18). Et encore : Ne comprenez-vous pas encore? Avez-vous le cœur endurci? (8, 8.21). Voilà, nous savons mieux qui sont les sourds et les muets, et ceux-ci sont de toutes les époques.

     Les cinq sens font accéder l'être humain au visible, à ce qui est audible, tangible, palpable, mais aussi à l'invisible, à l'intangible. Le cœur, partie intégrante du corps, facilite l'audition de l'indicible, de l'inouï, de l'inattendu. Le cœur du croyant ne peut-il pas être aveuglé par ses prétentions orgueilleuses, ses besoins de dominer, n'est-il pas obscurci lorsqu'il méprise son prochain, et ne soupçonne pas ou ne devine pas sa détresse et le besoin d'être aidé, soutenu? lorsqu'il s'éprend de promesses mensongères?

     Ouvre-toi peut résonner encore et toujours à l'intime du cœur des humains et des croyants du 21e siècle, afin que tous s'ouvrent au monde de Dieu. Être femme et homme de foi, c'est une manière de vivre qui accueille l'invitation d'une rencontre avec Dieu Père, plein de tendresse et de miséricorde, c'est être dans ce que l'on dit et ce qu'on l'on fait. Alors le cœur s'émerveille, le corps en entier crie sa louange. Bienheureux le cœur croyant qui croit que l'amour de Dieu est son avenir!

Vengeance et revanche
Voici votre Dieu : c'est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver (Isaïe 35, 4)

Vengeance! Quelle expression choquante
     Hélas, nos intelligences sont encore traumatisées par des tentatives d'explications maladroites, et nos cœurs, obscurcis. Combien de croyants ne comprennent pas! Ils disent : « Dieu envoie des malheurs insupportables, des douleurs insoutenables il est donc responsable, il punit, il se venge ». Mais un Dieu si insensible peut-il être Dieu? Quelle image fausse, quelle perception étouffante! Le verset 4 n'affirme-t-il pas précisément le contraire? De quoi est-il question quand la Bible utilise cette expression?

     La vengeance de Dieu est le rétablissement de la justice. Elle se manifeste là où Jésus guérit les malades et relève l'humilié : Elle s'adresse aux païens, elle redresse les mentalités tordues, les comportements avides et égoïstes. Elle se manifeste, avec éloquence, à l'agonie et sur la croix,, lorsque Jésus vainc le mal par le pardon offert à ceux qui l'ont condamné, par sa confiance totale en son Père, par son amour infini des humains. Jadis, dans son enseignement, n'avait-il pas évoqué le Père miséricordieux dans la parabole du fils indigne (Luc 15, 11-32). Bien que cela semble paradoxale, la vengeance de Dieu se conjugue avec son salut. Dès lors, peut-on reprocher à Dieu l'amour qu'il nous propose?

Le respect de la dignité humaine
Jacques 2, 1-5

     D'une lecture à l'autre, en ce dimanche, un déplacement s'opère : du juif vers le païen, du mutisme vers la parole, de l'apparence vers l'intime du cœur, de l'acte de guérison posé avec discrétion à la manifestation de louange devant l'œuvre de Jésus. En fait, de la fermeture vers l'ouverture.

     Jacques ne demande-t-il pas à sa communauté, aux prises avec des difficultés aiguës, telles les inégalités sociales et les tendances à la partialité et à l'hypocrisie, de partager avec les déshérités? L'apôtre a un parti pris évident pour les petits et les pauvres qu'on méprise et qu'on humilie. Il ne saurait être question pour un disciple du Christ de s'en tenir aux apparences, de se laisser éblouir par le grand. Il est insupportable, antiévangélique qu'un être humain abîme un autre être humain, son frère, sa sœur. Dès le Premier Testament, les vues de Dieu sont exprimées ainsi : l'homme voit les apparences, mais le Seigneur voit le cœur (1 Samuel 16, 7). Et, ailleurs : Lui (Dieu) ne prend pas le parti des princes, ne distingue pas le riche du pauvre, car tous sont l'œuvre de ses mains (Job 34, 19).

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2065. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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De Dieu et des hommes