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24e dimanche ordinaire B - 17 septembre 2006

 

La vie pour répondre à une question!

Profession de foi de Pierre Marc 8, 27-35
Autres lectures : Isaïe 50, 5-9a; Psaume 114 (115); Jacques 2, 14-18


En route vers les villages de la région de Césarée de Philippe, au nord de la Galilée, Jésus et ses apôtres causent, se taisent, réfléchissent. Soudain Jésus s’arrête et, mine de rien, interroge les marcheurs : Pour les gens, qui suis-je? (Marc 8, 27). Étonnante question, qui s’explique cependant. En effet, toutes sortes de rumeurs circulaient à propos de cet étonnant Galiléen. Son cousin, Jean le baptiste, venait d’être décapité par Hérode; alors les superstitieux se demandaient si le Baptiste n’était pas ressuscité. D’autres, plus au fait des croyances populaires, savaient qu’Élie, le grand prophète, devait revenir à la fin des temps. Ce temps serait donc arrivé? Les plus enthousiastes, dont Pierre, n’avaient aucun doute : Jésus était le Messie promis et attendu. C’est pourquoi la réponse de Pierre fuse spontanément : Tu es le Messie (v. 29).

Un cri du cœur
     Pierre a bien répondu. Mais cette réponse, jaillie du fond du cœur, est trop vite formulée. L’apôtre sait-il vraiment de quel Messie il veut parler? Ne partage-t-il pas la vision de ses contemporains à propos de Celui qui doit venir? (Matthieu 11, 3). Jésus se méfie des répercussions de cette affirmation primaire. Aussi il impose le silence à son entourage (v. 30). D’ailleurs le cours des événements lui donnera bientôt raison. Donc pour les préparer, Jésus pour la première fois (v. 31) tente d’esquisser un peu les traits véritables du Messie : un homme souffrant, rejeté, mis à mort, puis ressuscité après trois jours (v. 31). Pierre, oubliant le dénouement final, se rebiffe, il rejette cette caricature du Messie. Dans sa révolte il se permet de faire de vifs reproches à Jésus (v. 32). Aussi, ce dernier le rappelle à l’ordre par une parole tout aussi vive : Passe derrière moi Satan! (v. 33).

Le Satan des anciens
     D’aucuns s’étonneront de la riposte de Jésus à la profession de foi de Pierre. Pour nous Satan, c’est le diable, mais en hébreu, Satan signifie l’adversaire, celui qui s’oppose ouvertement au plan de Dieu. C’est pourquoi Jésus commande au chef des Douze de redevenir disciple en marchant derrière lui en toute confiance. Et dans les jours qui suivront, le Maître leur enseignera que s’ils veulent partager sa mission qui consiste à prêcher le Royaume de Dieu son Père, ils devront aussi partager son tragique parcours. Au fait, qui n’a pas à se réconcilier avec cette image d’un Messie souffrant? Cependant, pour nous qui sommes de la génération post-pascale, cette image s’est transformée au matin de Pâques pour devenir une icône vivante et lumineuse. Pierre et les siens n’en sont pas encore là…

Un long cheminement
     Une question demeure. Pierre (puisqu’il est le seul à parler), marche-t-il à reculons à la suite de son Maître? Est-il tenté d’abandonner? Je répondrai par la négative en disant que Pierre est simplement en route. Son cheminement de foi sera laborieux. Son chemin de vie ne sera pas tracé en droite ligne. Des étapes le marqueront en creux et en relief. Des étapes douloureuses où il ira jusqu’à renier son Maître pour ensuite pleurer sa faute et le suivre jusqu’au martyre. Sa vie sera une longue réponse à la brève question de Jésus.

Une route toute humaine
     Combien elle ressemble à la nôtre cette route de l’apôtre. Comme Pierre, nous passons par des clairières lumineuses pour ensuite emprunter des tunnels ténébreux. Comme lui, il nous faudra nous fier à Celui qui a dit que perdre sa vie pour lui et pour l’évangile c’est la sauver (v. 35). Sans cette confiance, à quoi bon avoir accueilli ses paroles? Vibré à ses miracles? Cru en ses promesses de Vie éternelle? Reçu le Pain de Vie et bu à la Coupe du salut?

Le chemin de la croix
     Plus le récit avance, plus une évidence s’impose : le chemin de Pierre le conduira, par des détours, à une croisée décisive où il aura à faire un choix définitif. Détours et choix qu’il n’a pas encore eu l’occasion d’expérimenter. Au risque de me répéter, Jésus exige des siens et de nous, une seule condition : Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive (v. 34). Voilà en d’autres mots le tournant à prendre : mettre nos pas dans les siens et avancer en toute confiance.

Le chemin de la joie
     Une culture mortifère a longtemps collé à la mentalité chrétienne. La souffrance acceptée était le passage obligé pour avoir droit à la vie éternelle. Mais ce qui risque d’être plus vrai, c’est que chaque vie a son lot de peines et de joies et que c’est l’acceptation de ces deux réalités humaines qui conduisent au salut. Appeler la souffrance ou la provoquer pour gagner son ciel n’est pas chrétien. Dieu a d’autres desseins sur sa créature. L’offrande de nos joies lui plaît tout autant que l’offrande de nos peines. Quand vient l’épreuve, un baptisé doit unir ses souffrances à celles du Christ qui, le temps venue, les transformera en joie éternelle.

Le désir de Jésus
     Les passages ne manquent pas où Jésus évoque et souhaite la joie. Celle du fils, de la brebis et de la pièce de monnaie perdus et retrouvés (Luc 15) n’en sont que quelques exemples. Que dire aussi des nombreux discours de Jésus où la joie est au centre de son désir le plus cher : Je vous dis cela pour que ma joie demeure en vous (Jean 15, 11). Oui, la joie est aussi chrétienne que la souffrance. L’une et l’autre sont tantôt l’endroit, tantôt l’envers de toute existence.

Le serviteur souffrant
    Cette image de Jésus que les apôtres se refusaient de regarder, elle leur avait été pourtant décrite avec force détails dans le livre du prophète Isaïe. Les coups ont beau pleuvoir sur le dos de cet homme, il n’est pas atteint par les outrages (Isaïe 50, 7) car il est proche de Celui qui le justifiera quand l’heure sera venue (v. 8). Le message du Serviteur souffrant s’adresse aux épuisés et aux humiliés de toutes catégories. Il montre, sans prononcer une parole, quelle attitude avoir quand la croix meurtrit nos épaules. Il ne se complaît pas dans la souffrance mais il l’assume comme une épreuve ne venant pas de Dieu mais de la malice des humains. Ainsi acceptée dans la foi, la souffrance devient une preuve de fidélité au Dieu d’amour.

Une question pour aujourd’hui
    Qui est Jésus pour moi? Le Fils du Dieu vivant? Le Ressuscité? L’Ami? Le Confident? Ou peut-être une image d’Épinal gardée précieusement dans ma galerie intérieure? Quoi qu’il en soit, il serait louable de parfaire l’image du Christ en relisant l’évangile, en l’écoutant nous murmurer son nom dans le silence du cœur à cœur, en posant des gestes qui révèlent ma foi afin de ne pas encourir le reproche qu’adresse à ses frères l’apôtre Jacques : Tu prétends avoir la foi, montre-moi donc ta foi qui n’agit pas (2 Jacques 18). Alors et alors seulement s’affineront les traits de Jésus pour enfin ressembler à ce qu’il est : Le Messie de Dieu mis à mort et ressuscité, venu pour sauver tous les hommes de bonne volonté (Luc 2, 14)

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2066. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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