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25e dimanche ordinaire B - 24 septembre 2006

 

Comme lui, servir par amour

Deuxième annonce de la Passion Marc 9, 30-37
Autres lectures : Sagesse 2, 12.17-20; Psaume 53(54); Jacques 3, 16 - 4, 3


Notre passage d'évangile fait suite à la profession de foi de Pierre. Celui-ci reconnaît Jésus comme le Messie. À la surprise des disciples, Jésus commence alors à leur enseigner que sa révélation au monde passe par un chemin de souffrance. Pierre le prend à part et lui fait de vifs reproches. À son tour, Jésus le rabroue en l’invitant à redevenir disciple. Puis il appelle la foule avec ses disciples pour les inviter à renoncer à eux-mêmes, à prendre leur croix et à le suivre. Cette page d’évangile marque un tournant. Les disciples sont fortement secoués par cette annonce. Et dans la suite de l’évangile, Jésus délaisse quelque peu les foules pour se consacrer surtout à ses disciples, pour les préparer aux événements terribles qui se dérouleront à Jérusalem. Voilà pourquoi nous le voyons aujourd’hui traverser la Galilée avec ses disciples et il ne voulait pas qu’on le sache (Marc 9,30).

Une incompréhension face à la mort et la résurrection
    Pour rassurer les disciples, Jésus avait d’abord pris avec lui Pierre, Jacques et Jean et avait été transfiguré devant eux (9, 2-10). En leur montrant sa gloire, Jésus voulait leur révéler par avance que le chemin le conduisant à la croix débouche sur la résurrection. Mais ils ne comprirent pas. En descendant de la montagne, ils se demandaient entre eux ce que voulait dire« ressusciter d’entre les morts » (9,10). Comme dans l’évangile de ce dimanche, on constate une distance entre Jésus et les disciples. À la transfiguration, ils se parlaient « entre eux » et ne parlaient donc pas à Jésus. Aujourd’hui, Marc nous dit que les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger (9,32).

    Quelles étaient donc ces paroles à propos desquelles les disciples n’osaient pas interroger Jésus ? Les voici : Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera (9,31). Pour la deuxième fois, Jésus instruit ses disciples à propos de sa Passion. Mais ils ont vraiment du mal à accepter que le projet de Dieu pour l’humanité passe par la mort de leur maître, par le don sa vie par amour pour nous.

Une incompréhension qui se poursuit
    En lisant cette page d’évangile, il serait tentant de condamner l’attitude des premiers disciples. Mais avant de condamner, il importe que les disciples d’aujourd’hui se demandent quelle est leur réaction en face des croix qui se dressent dans leur vie. Sommes-nous des chrétiens qui sont prêts à suivre Jésus quand tout va bien mais qui cessent de prier quand les choses tournent au vinaigre ? Qu’en est-il de notre foi en la résurrection, le mystère qui est au cœur de notre être de disciples du Christ ? Dans la prière, osons-nous offrir nos questions et nos doutes au Seigneur de nos vies?

    En venant à l’église ce dimanche, nous vivons une expérience semblable à celle qu’ont vécue les disciples ce jour-là. Comme eux, nous suivons Jésus. Comme eux, nous nous retrouvons « à la maison », la maison de l’église, avec Jésus ressuscité. Comme autrefois avec ses disciples, Jésus nous instruit par sa parole. Et comme il l’a fait avec les disciples de l’évangile d’aujourd’hui ainsi qu’avec les disciples d’Emmaüs au soir de Pâques, il nous demande : De quoi discutiez-vous en chemin ?  (9, 33 ; voir Lc 24,17). Les premiers disciples n’osèrent répondre à cette question. Au lieu d’essayer de comprendre ce que Jésus s’évertuait à leur annoncer, ils s’étaient réfugiés dans leurs rêves de pouvoir : sur la route, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand! (v. 34) Comme elle est grande la distance entre les préoccupations des premiers disciples et celles de Jésus qui n’a qu’une chose en vue : accomplir la volonté de son Père ! Comme elle est grande parfois la distance entre nos préoccupations du quotidien et le chemin que Dieu nous propose par la parole de son Fils Jésus !

La réponse et l’exemple de Jésus
    Heureusement pour nous, Jésus est un bon pasteur. Devant la faiblesse de ses disciples, Jésus ne pique pas une sainte colère. Observons sa façon d’agir : il s’asseoit, appelle les Douze et leur parle avec amour. Il part de leur désir : Si quelqu’un veut être le premier. Il les place devant leur liberté tout en les invitant à un renversement de leurs valeurs. Il s’agit de cesser de penser à la manière des hommes pour apprendre à penser à la manière de Dieu (voir Mc 8,33). Pour être premier dans le cœur de Dieu, il importe d’être le dernier de tous et le serviteur de tous (9,35). C’est ce que Jésus fera lui-même en mourant sur la croix. « Lui, le Premier, se met à la dernière place pour servir les hommes » (J. Hervieux, L’évangile de Marc, p. 135).

   Jésus illustre son invitation par « un geste symbolique, une sorte de parabole en acte » (C. Focant, L’Évangile selon Marc, p. 357). Pour nous, ce geste peut être trompeur. En effet, nous aimons les enfants, nous les chérissons. Rappelons-nous que, dans l’Antiquité, tel n’était pas le cas. Un enfant était vu comme insignifiant. Comme il était incapable de parler ou de raisonner, pas question pour l’enfant d’être admis dans la communauté des croyants. Le renversement que propose Jésus est tel, que même les exclus qui étaient considérés comme ne valant rien doivent maintenant être accueillis dans la tendresse. Jésus ne fait pas que placer l’enfant au milieu des Douze, il l’embrasse pour lui signifier son amour.

   En mourant sur la croix, Jésus prendra la place de l’exclu. On lui refusera même la mort d’un prophète, la lapidation. On lui réserve la mort des truands, des criminels et des esclaves. Voilà comment il veut être accueilli. Mais Jésus ne le fait pas pour satisfaire un Dieu qui exige la souffrance et qui est assoiffé de sang. Il le fait pour nous montrer jusqu’où va l’amour. Son amour et celui de son Père. Il devient « le dernier de tous » pour nous montrer ce que signifie être « le serviteur de tous ».

Un exemple à imiter
    Jésus termine son enseignement par ces paroles : Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé (v. 37). À chaque eucharistie, nous accueillons Jésus qui se donne à son Église. Cela nous engage à devenir « serviteur de tous ». Cela commence chez nous, dans notre propre famille et dans notre communauté de foi. Saint Jacques demande dans la deuxième lecture : D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en vous-mêmes ? (Jc 4,1).

   Prenons donc le temps d’accueillir Jésus qui vient nourrir nos cœurs par le pain de son corps. Laissons-le nous apprendre à penser à la manière de Dieu plutôt qu’à la manière des hommes. Devenons comme lui le dernier de tous et le serviteur de tous. Ainsi nous pourrons accueillir Dieu lui-même, qui  nous appelle à partager la gloire de notre Seigneur Jésus Christ  (cf. l'acclamation à l’évangile : 2 Th 2,14).

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2067. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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