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28e dimanche ordinaire C - 14 octobre 2007

 

Dieu sans frontières

Guérison de dix lépreux : Luc 17, 11-19
Autres lectures : 2 Rois 5, 14-17; Psaume 97(98); 1 Timothée 2, 8-13

Seulement une attitude humble et ouverte nous permet de rencontrer le vrai Dieu et d’être touchés par lui, qui que l’on soit. La bonté de Dieu ne peut se limiter à exaucer les demandes d’un seul groupe de personnes, fût-il le peuple de Dieu. Dieu aime et guérit quiconque est assez humble et ouvert pour lui demander de l’aide, peu importent son groupe d’origine, son ethnie, sa nationalité ou sa religion de naissance. Dieu est là pour tous, pourvu que nous lui fassions confiance.

   L’évangile et les deux autres lectures de ce dimanche illustrent on ne peut plus clairement cette conviction de la foi chrétienne Dieu ne connaît pas nos frontières!

Un autre bon Samaritain!

  Le récit de la guérison des dix lépreux insiste moins sur le fait miraculeux que sur la suite des événements. Des dix lépreux guéris par Jésus, seul un Samaritain (c’est-à-dire un étranger) revient rendre gloire à Dieu. La bonne conduite et l’exemple sont donnés par celui duquel on s’y attendait le moins, à l’époque. En effet, les Samaritains étaient méprisés par les Juifs comme s’il s’agissait d’hérétiques impurs, infidèles à Dieu. À l’époque, aucun « bon » Juif n’aurait cru qu’il pouvait exister « un bon Samaritain ». Sauf Jésus! De là vient l’originalité de la parabole connue comme étant celle du « bon Samaritain » (Luc 10, 29-37). Jésus y souligne le bon exemple donné par un Samaritain, contre le mauvais exemple donné par un prêtre et un lévite juifs. Le Samaritain a secouru l’homme mourant de la parabole, alors que le prêtre et le lévite juifs l’avaient abandonné à son sort en allant leur chemin.

  Voilà aussi tout le poids du récit de ce dimanche : neuf « bons » Juifs n’ont ni remercié leur confrère Jésus, ni glorifié Dieu pour leur guérison. Un « mauvais » Samaritain, par contre, donne l’exemple à tout le monde. C’est ainsi que nos idées toutes faites sont remises en question par la bonne nouvelle qu’annonce Jésus. Le récit nous encourage à réviser nos jugements rapides et nos généralisations. Il nous exhorte à demeurer ouverts et à espérer l’inouï, puisque rien n’est impossible à Dieu. Les gens peuvent changer et, bien souvent, ils sont différents de l’image que nous nous en faisons, d’où l’appel à ne pas juger.

  Le récit souligne aussi que les actes de charité et de miséricorde doivent être faits, comme Jésus, sans condition, sans attendre rien en retour, seulement parce qu’il y a des besoins à combler, point. Jésus a guéri les dix individus, même si neuf d’entre eux se sont révélés n’être que d’ingrats opportunistes. Il a guéri les dix parce que les dix étaient malades, bons ou mauvais, peu importe. Nous sommes appelés à suivre l’exemple de Jésus et à soulager toute personne souffrante, sans lui proposer ni la confession ni le baptême.

  Par le fait même, la conversion qui n’arrive alors rien qu’une fois sur dix devient une surprise et une occasion de fêter pour tous!

L’humilité et la confiance d’un païen
(2 Rois 5, 14-17)

Je le sais désormais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël! (2 Rois 5,15)

  La première lecture est un extrait de la guérison et de la conversion de Naaman, un Syrien souffrant d’une maladie grave de la peau. Général des armées du roi d’Aram, Naaman est un puissant ennemi du peuple d’Israël. Comme la plupart des étrangers, il adore aussi un autre dieu que Yahvé : le dieu Rimmôn. Cependant, la tenace maladie qui l’afflige va pousser Naaman à demander de l’aide auprès du prophète Élisée, avec la permission des rois ennemis d’Aram et d’Israël. Dans son pays, personne ne peut l’aider. Son dieu Rimmôn, non plus. Naaman va donc voir Élisée avec l’espoir d’être délivré de son affreuse maladie. Élisée consent à aider Naaman. Il lui ordonne de se laver sept fois dans le Jourdain, ce fleuve qui traverse la Terre Sainte du nord au sud. Naaman ravale son orgueil de Syrien et accepte de se laver dans le Jourdain, démontrant que les grands fleuves de sa terre natale, l’Abana et le Parpar, ne pouvaient rien faire pour le guérir. Naaman fait confiance à la parole d’Élisée et sort du Jourdain guéri. Il en déduit que seul le Dieu d’Élisée, le Dieu du Jourdain, le Dieu de la terre d’Israël, est le vrai Dieu qui peut guérir et qu’il faut adorer. C’est pourquoi, Naaman demande à emporter avec lui un peu de « terre sainte », afin de faire en Syrie un autel digne du Dieu d’Israël, Yahvé. Le grand et puissant général Naaman a été assez humble pour reconnaître la vérité et la bonté d’un prophète et d’un Dieu qui n’étaient pas les siens.

La liberté de la Parole
(2 Timothée 2, 8-13)

Mais on n’enchaîne pas la pa-role de Dieu! (2 Timothée 2,9)

  La deuxième lecture va dans le même sens que la première, quand on nous dit qu’on n’enchaîne pas la Parole de Dieu (v. 9). Impossible de fixer des limites à Dieu : il parle à qui il veut et il sauve qui lui plaît. L’auteur nous avoue qu’il supporte volontiers les souffrances reliés à son ministère d’évangélisation, pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent eux aussi le salut par Jésus Christ (v. 10). Celui ou celle qui annonce la bonne nouvelle ne sait jamais avec certitude qui entendra son appel à la conversion. C’est pourquoi il est important de ne pas se restreindre à tel ou tel type de personnes ou de groupes, comme si Dieu ne pouvait pas parler et agir ailleurs. Entretenir des préjugés à l’égard de certaines personnes ou de certains groupes reviendrait à « enchaîner » la Parole de Dieu. Même lorsque des personnes ou des groupes se sont ouvertement opposés à l’Évangile ou même lorsque des croyants ont failli à leur responsabilité, Dieu garde toute sa liberté pour faire miséricorde, puisque, comme la lettre le dit si bien : Si nous sommes infidèles, lui, il restera fidèle, car il ne peut se renier lui-même (v. 13). Que la Parole de Dieu retentisse donc partout, peu importe les chances qu’elle soit entendue!

Pour aller plus loin :

Les Samaritains

  La ville de Samarie, fondée par Omri, donna son nom à toute la région qui l’entourait. Au temps de Jésus, la Samarie constitue l’une des trois régions de la Palestine avec la Judée, au sud, et la Galilée, au nord.

  Une rupture politique et religieuse s’est établie au fil du temps entre les Samaritains et les Juifs de Judée. Elle remonte d’abord à l’éclatement du royaume de David en 935 av. J.C. et à la constitution du royaume d’Israël composé de dix tribus. Quand les Assyriens, en 721, s’emparent de Samarie, ils déportent une partie importante de la population et la remplace par des colons qui petit à petit vont se mêler à la population israélite demeurée sur place. Il en résultera un syncrétisme religieux (2 Rois 17, 24-41). Dès lors, les autres Juifs ne considéreront pas leur religion comme authentique, malgré la prétention des Samaritains de toujours être des adorateurs de Yahvé.

  Une série de faits ont accentué la rupture entre Juifs et Samaritains : la reconnaissance des cinq premiers livres de la Bible, comme seules Écritures, dans une version qui leur est propre; la construction d’un temple sur le Garizim; l’alliance avec l’occupant grec lors de la révolte des frères Maccabées.

Source: Le Feuillet biblique, no 2113. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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