INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer

28e dimanche ordinaire A - 12 octobre 2008

 

 

Heureux les invités au repas du Seigneur

Le banquet de noces : Matthieu 22, 1-14
Autres lectures : Isaie 25, 6-9 ; Psaume 22(23) ; Philippiens 4, 12-14.19-20

Le roi mis en scène dans cette histoire a décidément un bien mauvais caractère. Il envoie une armée détruire une ville parce que les invités ne se sont pas présentés au banquet (v. 7) et il fait jeter dehors un convive qui avait négligé de prendre les vêtements appropriés (v. 13). Il faut ajouter que les invités ne sont pas non plus sans reproche, eux qui mettent à mort les messagers venus leur rappeler l’invitation (v. 6).

Cette parabole est étroitement apparentée à celle appelée les vignerons homicides qui la précède immédiatement (Matthieu 21, 33-43 – évangile du 27e dimanche du temps ordinaire A). Elle fait partie d’un même discours avec Mt 21, 28-32. La rédaction finale de ces épisodes doit se situer dans les années qui suivent la destruction de Jérusalem par les romains, en 70. Cet événement bouleversa complètement le monde juif et dut aussi marquer profondément les chrétiens d’origine juive pour lesquels écrit Matthieu. Sa manière de présenter les propos de Jésus est évidemment conditionnée par ces circonstances.

Un roi célébrait les noces de son fils... (v. 2)

Depuis les mariages de Jacob (Gn 29, 15-30) à ce lui de Tobie (Tb 8, 19-21), les banquets de noces jalonnent l’histoire du peuple élu. Et on sait bien que le mariage est devenu un des symboles majeurs de l’Alliance de Dieu avec son peuple (voir Osée, chapitres 1-3; tout le livre du Cantique des cantiques peut aussi être lu dans cette perspective). Dès le premier verset, on comprend le sens général de la parabole : Dieu veut célébrer la nouvelle Alliance de son Fils avec le peuple élu, Israël (cf. Mt 15, 24).

À partir de cette clef de lecture, le reste du récit se comprend facilement comme une allégorie de l’histoire. Les serviteurs envoyés pour rassembler les invités sont les prophètes (vv. 3-6); l’expédition militaire (v. 7) peut évoquer le souvenir de la ruine de Jérusalem en 587 A.C. (2 Rois 25 et parallèles) mais surtout, pour les lecteurs de Matthieu, l’événement beaucoup plus récent de 70, lorsque les troupes romaines commandées par Titus envahirent la ville et incendièrent le Temple.

La première partie se termine sur le constat d’un échec. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Il y aura une suite.

Le repas de noce est prêt... (v. 8)

Dieu ne se laisse pas décourager par le refus des premiers invités. Des nouveaux messagers sont envoyés (v. 9); ce sont les apôtres et les missionnaires de l’Évangile. Ils sont chargés de rassembler tous ceux qui entendront leur appel, peu importe leur origine. Cette nouvelle mission est couronnée de succès puisque la salle des noces fut remplie de convives (v. 10). Cette parabole va plus loin que celle des vignerons homicides puisqu’on nous montre ici la nouvelle communauté déjà rassemblée. Mais, encore une fois, l’histoire ne s’arrête pas là. Le Royaume de Dieu n’est pas pleinement réalisé et les invités doivent encore faire leurs preuves.

Mon ami, comment es-tu entré ici ? (v. 12)

Les versets 11-14, absents du texte de Luc 14, 16-24, expriment une préoccupation chère à Matthieu, la nécessité de mettre en pratique la parole entendue : Ce n’est pas en me disant : Seigneur, Seigneur qu’on entrera dans le Royaume des cieux mais en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux (Mt 7, 21). Ici, le vêtement de noce, comme la provision d’huile dans la parabole des Dix vierges (Mt 25, 1-13), représente les œuvres réalisées par ceux qui entrent dans la Nouvelle Alliance. Il est possible que l’évangéliste réagisse ici à un problème bien concret de sa communauté. On rencontre cette préoccupation ailleurs dans le Nouveau Testament : Montre-moi ta foi sans les œuvres; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi (Jc 2, 18). Être chrétien suppose un changement de vie qui se manifeste à travers toute l’existence.

Le dernier verset (v. 14) provoque toujours un certain malaise. Il donne de Dieu l’image d’un juge exigeant devant qui bien peu pourront trouver grâce. Il ne correspond à aucune des deux situations évoquées dans la parabole. En effet, tous les invités du premier groupe sont exclus alors que dans le deuxième, tous sont admis sauf un. Sa présence dans ce contexte veut sans doute corriger l’impression laissée par les versets 7-8 selon lesquels tout le peuple juif est exclu du salut. Matthieu ne peut oublier que lui-même et les membres de sa communauté font partie du petit reste qui a accueilli Jésus comme Messie et qui accepte, parfois avec difficulté, de se détacher de l’ancienne Alliance pour entrer dans la nouvelle.

Lu aujourd’hui en contexte chrétien, ce verset rappelle que le salut n’est pas automatique. La réponse à l’appel de Jésus implique un effort constant pour entrer par la porte étroite (Mt 7, 13-14) en prenant la croix pour marcher à sa suite (Mt 16, 24).

Je peux tout supporter
(Philippiens 4, 13)

Si on cherche quelqu’un qui a vraiment pris la croix à la suite de Jésus et marché sur la route difficile qui mème au Royaume, Paul est un exemple exceptionnel. En faisant aujourd’hui un voyage sur les pas de saint Paul on peut difficilement se représenter les conditions dans lesquelles il a parcouru ces routes. Le résumé qu’il en donne en 2 Corinthiens 11, 22-33 permet de s’en faire une légère idée. S’il a tenu le coup à travers toutes ces épreuves il le doit, encore plus qu’à son courage personnel, à la force de Dieu agissant en lui (cf. 2 Co 12, 7-10). Au moment où il écrit aux Philippiens il est en prison, incertain du sort qui l’attend (cf. Ph 1, 20). Les conditions de sa captivité semblent assez pénibles même s’il peut communiquer avec l’extérieur; il doit compter sur la générosité de ses amis pour subsister. Tel est le contexte de ce passage. Paul se réjouit d’avoir reçu de l’aide parce que celle-ci manifeste la générosité des Philippiens et attirera sur eux les bénédictions divines (v. 19). On retrouve ici un thème qui lui est cher : les gestes de partage profitent au donateur encore plus qu’au bénéficiaire (voir, par exemple : 2 Co 9, 6-15; Ph 4, 7). Pour Paul porter le vêtement de noce signifie accepter toutes les épreuves et les privations liées au ministère. Pour les Philippiens, c’est prendre les moyens nécessaires pour soulager Paul dans une situation dangereuse.

Exultons, réjouissons-nous
(Isaïe 25, 9)

Un texte pour faire saliver tous ceux qui ont hâte de passer à table ! Le contexte paraît être celui du retour de l’exil, après 538 A.C. Mais le prophète entrevoit un avenir beaucoup plus radieux que ce que fut la situation des quelques braves venus s’établir à Jérusalem et dans les environs. Malgré les épreuves de toutes sortes, il ne cesse de croire en une intervention décisive de Dieu, événement qu’il exprime par l’image d’un grand banquet (v. 6). L’élément le plus neuf de son discours est sa dimension universelle : Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples sur cette montagne, un festin… (v. 6). Les nations païennes sont associées à Israël pour cette grande fête. C’est déjà l’annonce de l’évangile où toute l’humanité est invitée au repas des noces (Mt 22, 9-10). Même si la réconciliation de tous les peuples semble encore bien lointaine, même si la mort n’a pas encore disparu (v. 8), les croyants d’aujourd’hui, comme ceux d’autrefois, peuvent rendre grâce dans la certitude que Dieu accomplira fidèlement sa promesse (v. 9).

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2156. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
Une parabole juteuse