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Célébrer la Parole

 

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29e dimanche ordinaire B - 18 octobre 2009

 

 

Nous le pouvons!

La demande de Jacques et de Jean: Marc 10, 35-45
Autres lectures : Isaïe 53, 10-11 ; Psaume 32(33) ; Hébreux 4, 14-16

 

«Comment puis-je vous aider?» La question est connue, car nous l’entendons souvent : à chaque fois que nous arrivons dans un magasin, dans un bureau, à l’accueil ou aux renseignements. Les commis ou préposés, à leur poste de travail, veulent nous rendre service, faciliter nos démarches. C’est leur gagne-pain et certains s’acquittent de cette tâche avec brio, avec sollicitude. Ils méritent amplement leur modeste rémunération. Pourquoi nous montrer avares de compliments à leur égard? C’est fou ce qu’un sourire authentique et de l’amabilité peuvent changer une journée morose en une «bonne journée».

Le cœur sur la main

     «Laisse-moi t’aider.» Entre parents et amis, la phrase s’entend souvent, aussi. Elle témoigne de l’affection toute spéciale que nous avons pour nos êtres chers. Leur bonheur nous tient à cœur et si nous pouvons y contribuer, cela nous réjouit. Pourtant, nous essuyons parfois des refus à notre générosité spontanée. Se laisser aider par un proche, ce n’est pas toujours facile. C’est s’exposer à une critique, aussi constructive soit-elle. En effet, la familiarité donne cours à des commentaires pas toujours bienvenus sur nos diverses façons de faire les choses. L’aide apportée se surcharge de conseils qui alourdissent les relations.

     «Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous?» La question nous est adressée par un parfait étranger qui nous voit en mauvaise posture, par la suite d’un accident ou parce que visiblement nous avons besoin d’assistance. Civilité et amabilité sont purement gratuites dans ce cas. Notre «bon samaritain» ne s’attend à aucune récompense et son offre vient ouvrir notre cœur. Dans la société de robots dans laquelle nous vivons, l’humanité est encore possible! Merci, mille fois merci, pour le coup de main et pour le coup d’œil sur la nature des personnes, qui ravive notre espérance!

Une ambition démesurée

     Jésus Christ présente une disponibilité semblable envers ses disciples, lorsqu’il leur pose la question : Que voudriez-vous que je fasse pour vous? Jacques et Jean, les frères fils de Zébédée, pêcheur galiléen, voudraient siéger aux côtés du Christ glorieux, ni plus ni moins. Encouragés par leur proximité avec le maître et par l’humble disponibilité de ce dernier, ils dévoilent l’ambition qu’ils chérissent par-dessus tout. Ils aimeraient participer au triomphe de leur «idole». Pourquoi pas? Après tout, ils ont renoncé à tant de choses pour le suivre… Seulement, Jésus ne veut pas être pris pour une idole. Lorsque Jean et Jacques s’envolent en pensée vers les cieux, Jésus les ramène droit sur terre. Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé? leur dit-il. Impossible de dissocier la gloire céleste du sacrifice terrestre. La coupe et le baptême renvoient à l’offrande que Jésus va faire de sa vie sur la croix. Jésus va boire à la coupe amère de la mort et il recevra le baptême du sang au Calvaire. Sa gloire céleste n’a ni plus ni moins que le poids de son témoignage terrestre. Les disciples naïfs que sont les fils de Zébédée peuvent-ils porter le poids de leurs ambitions?

La gloire et la croix

     Nous le pouvons!, répondent-ils avec conviction. Devant leur enthousiasme, Jésus approfondit davantage son enseignement. Même en témoignant de leur vie, même en versant leur propre sang, les disciples ne peuvent pas «acheter» leur place aux côtés du Christ glorieux. Leur ambition invalide tout simplement leur témoignage. On ne boit pas à la coupe de la Cène et on ne reçoit pas le baptême du sang pour mieux briller aux côtés du Seigneur… Si on consent à livrer sa vie, c’est parce que l’on ne pourrait pas être en paix avec sa conscience et jouir de la vie sans souci. La souffrance et la mort ne sont pas une monnaie d’échange pour la gloire céleste. Souffrir et mourir n’est pas à rechercher comme si c’était le but de la vie. Jésus ne veut pas de religion masochiste! Le martyre est un événement malheureux, qu’il serait inapproprié de rechercher, car cela traduirait alors une soif de pouvoir que le Christ condamne. Le véritable témoin dépose sa vie lorsqu’il y est contraint par la situation où il se trouve, afin de ne pas renier sa foi, ses convictions profondes ou sa relation à Dieu. Le véritable témoin vit son sacrifice comme une épreuve douloureuse à laquelle il choisit de ne pas se dérober, pour ne pas trahir ses engagements, pour ne pas fausser le sens de sa vie. Le véritable martyr offre sa vie pour ne pas la pervertir et pour ne pas la perdre, finalement! S’il pouvait rester fidèle sans mourir, il le ferait! Ce n’est qu’acculé au dilemme d’être lui-même ou de se laisser corrompre, que le martyr consent à livrer sa vie.

Servir à la suite de Jésus

     Les grands font sentir leur pouvoir, nous dit Jésus. Ils ne veulent pas toujours notre peau. Parfois, ils veulent juste infléchir un peu notre conscience, la plier à leurs intérêts, obtenir de nous des compromis, ou notre silence complice. Être témoin, c’est accepter de sacrifier ce qui est en jeu : un bénéfice, une position avantageuse, un emploi lucratif, une promotion ou un honneur… qui seraient au prix de notre intégrité morale et de nos valeurs profondes. En discernant ce qui est juste et vrai, en consentant au sacrifice en cause, nous pouvons tous devenir des témoins du Fils de l’homme crucifié, qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Voilà ce que nous pouvons faire, pour Dieu, pour le Christ, pour nos semblables et pour nous-mêmes, si nous voulons servir à la suite de Jésus.

Jésus, le Serviteur souffrant

Le serviteur a plu au Seigneur (Isaïe 53,10)
          
     Les premiers chrétiens ont eu tout un défi à relever, en essayant de comprendre le mystérieux dessein de Dieu, qui laissait son Fils mourir sur une croix. Le beau chant d’Isaïe sur le Serviteur témoin leur a permis d’approfondir la mort de Jésus comme une offrande d’amour, de vérité et de fidélité, agréé par le Père et transformée par lui en source de salut.

Jésus, le médiateur                         

Avançons-nous donc avec pleine assurance (Hébreux 4,16)

     Même lorsque nous ne réussissons à être fidèles, l’auteur de l’Épître aux Hébreux nous encourage à nous avancer vers Dieu avec la pleine assurance d’obtenir miséricorde, puisque le Christ, par le don de sa vie, a percé le voile qui nous séparait des cieux.

 

Rodolfo Felices Luna, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2200. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Elle est vivante la Parole de Dieu