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Il est urgent d’agir

René LapriseRené Laprise | 3e dimanche du Temps ordinaire (B) – 21 janvier 2024

Première prédication de Jésus et appel des premiers disciples : Marc 1,14-20
Les lectures : Jonas 3,1-5.10 ; Psaume 24(25) ; 1 Corinthiens 7,29-31
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Dans le discours du mouvement populaire pour la protection de l’environnement et l’urgence d’agir devant les changements climatiques, les jeunes générations en particulier portent parfois le message le plus percutant : s’il n’y a pas d’action, il n’y a pas de futur ; il faut sauver notre planète, ou encore il n’y a pas de planète B. Ce cri des jeunes rejoint l’appel du pape François dans son texte « Prendre soin de notre maison commune ».

Les textes de ce dimanche sont également porteurs d’un message qui parle de l’urgence d’agir. C’est comme s’il était minuit moins cinq. La ville de Ninive est menacée de destruction, le temps est limité, les temps sont accomplis et le règne de Dieu est tout proche. Jésus invite le peuple à se convertir.

Le livre prophétique de Jonas, un texte de quatre petits chapitres seulement, fait voir que la mission d’un prophète est d’aller à contre-courant de la société de son temps. Sa conviction est profonde : la volonté de Dieu est de sauver l’humanité. Les jeunes d’aujourd’hui ne seraient-ils pas des prophètes contemporains? Leur message peut déranger certains, mais ils ont la certitude de devoir prendre la rue, prendre la parole, passer à l’action. La question est alors : saurons-nous répondre à l’urgence d’agir comme la population de Ninive?

Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu. Ils annoncèrent un jeûne, et tous, du plus grand au plus petit, se vêtirent de toile à sac.

Le monde qui passe

Dans sa Première lettre aux Corinthiens, saint Paul se trouve devant une problématique qui n’est pas unique à son époque, celle de la « distance culturelle ». Le message chrétien d’avant ne trouve plus sa place dans la nouvelle culture. Certains pourraient se dire que les situations de la société de ce temps-là ressemblent en tout point à ce qui est vécu ici depuis quelques décennies. Est-ce que l’histoire est cyclique et se répète? Pas nécessairement, ce questionnement serait normal et il revient à toutes les époques.

D’une certaine façon, n’est-il pas bon de se poser des questions devant les valeurs chrétiennes et même les valeurs communes que partage la société. Au chapitre 7, Paul répond aux questions de la communauté de Corinthe sur le mariage. Devant les choses éphémères, il invite à la persévérance ; devant le doute, il invite à la confiance ; devant le rejet de l’autre, il invite à la fidélité ; devant les valeurs passagères, il invite à se recentrer sur l’essentiel, aimer. Si le monde passe, les valeurs essentielles demeurent et traversent les générations et les époques.

Car il passe, ce monde tel que nous le voyons.

Répondre à l’appel de conversion

Alors que la communauté avait vécu la persécution sous Néron, l’appel à la conversion de Jésus était une interpellation urgente. Les disciples acceptent de tout quitter pour le suivre afin d’œuvrer à la construction du royaume annoncé par Jésus. En accompagnant le Christ, les disciples assureront ainsi la poursuite de la mission après la passion du Seigneur.

Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.

Croire à l’Évangile, c’est accepter d’agir dans la fidélité des Paroles du Christ. C’est également accepter de prendre la condition de disciple qui peut apporter parfois des doutes, des incompréhensions, des craintes, de l’inaction. Cependant, le oui des disciples à suivre Jésus demeure un témoignage central dans le commencement de l’Église naissante.

Dans l’introduction à l’Évangile de Marc, on peut lire que l’évangéliste a réussi à rappeler que « la foi s’éprouve dans l’engagement sans compromis à suivre Jésus, toujours à l’œuvre, par l’Évangile, au milieu des hommes ».

Aujourd’hui, plusieurs personnes répondent encore à l’appel du Christ et se convertissent. Il suffit de penser aux adultes qui demandent le baptême à la Vigile pascale, aux hommes et aux femmes qui s’engagent dans la vie consacrée, à celles qui répondent à l’appel des ministères ordonnés et des nouveaux ministères laïcs. La mission de l’Église invite à cette même urgence d’agir, puisque les besoins sont grands et qu’il y a dans notre monde des injustices et des personnes qui ont soif d’amour et de paix.

René Laprise est diacre permanent de l’archidiocèse de Gatineau (Québec).

Source : Le Feuillet biblique, no 2830. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation du Diocèse de Montréal.

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