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La conversion vers la lumière du Christ
René Laprise | 3e dimanche du Carême (C) – 23 mars 2025
La conversion est urgente : Luc 13, 1-9
Les lectures : Exode 3, 1-8a.10.13-15 ; Psaume 102 (103) ; 1 Corinthiens 10, 1-6.10-12
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.
À partir du troisième dimanche du Carême, les adultes qui se préparent à recevoir le baptême et les autres sacrements d’initiation, vivent leur premier de trois scrutins. Évidemment, il ne s’agit pas d’un scrutin électoral. Selon le Guide pastoral du rituel de l’initiation chrétienne des adultes, les « appelés » sont invités à la conversion, à se tourner vers le Seigneur pour se voir à sa lumière. En célébrant les trois scrutins pendant les messes du dimanche, au cœur des communautés, ils sont ainsi accompagnés par les autres baptisés pour poursuivre leur discernement entre les ténèbres et la lumière.
Le témoignage des adultes qui demandent le baptême, de plus en plus nombreux dans les communautés de chez-nous, grâce aux nouveaux arrivants, est un témoignage fort pour celles et ceux qui ont reçu le baptême peu de temps après leur naissance. Ce choix d’adultes qui se convertissent à la foi catholique interpelle. Leur désir de suivre le Christ stimule l’engagement des autres croyants et croyantes qui sont ainsi invités à redire le oui de leur baptême. Les catéchumènes sont un signe de l’action de Dieu qui touche les cœurs à divers moments de la vie.
Dans l’évangile de Luc, la conversion intervient dans la parabole du figuier. Dans ce récit, le vigneron invite le maître de la vigne à faire preuve de patience pour donner une autre chance au figuier de donner du fruit.
« Maître, laisse-le encore cette année,
le temps que je bêche autour
pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir.
Sinon, tu le couperas. »
(Luc 13, 8-9)
Cette demande du vigneron d’attendre encore ne témoigne-t-elle pas du fait que la conversion est quelque chose qui demande du temps et que ce n’est pas magique, en un instant ? De plus, la réflexion exige une certaine introspection, un travail sur soi qui nous invite à avancer avec nos doutes, nos questions, notre quête de sens. La lumière du Christ se laisse découvrir progressivement, un peu comme le lever du soleil à l’horizon où sans voir encore le soleil, le ciel reflète sa lumière.
C’est possiblement ce cheminement que traverse les adultes d’aujourd’hui qui demandent le baptême. De leur demande initiale à la célébration de leur baptême, en passant par leur « oui » lors de l’appel de leur nom le jour de l’appel décisif, ils ont laissé mûrir leur désir, sondé et labouré leur cœur de croyant.
Une bonne nouvelle libératrice
Dans le livre de l’Exode, parfois qualifié d’« Évangile de l’Ancien Testament », Dieu se présente au peuple pour leur apporter une bonne nouvelle libératrice. La sortie d’Israël hors du pays d’Égypte est comme un nouveau départ, un oui à une espérance nouvelle qui va guider le peuple pour les générations à venir.
« J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple
qui est en Égypte,
Oui, je connais ses souffrances. »
(Ex 3, 7)
Dieu témoigne d’une profonde attitude paternelle en se mettant à l’écoute de son peuple et en le guidant vers une terre meilleure, pleine d’abondance, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. Cet amour filial et parental n’est-il pas encore bien actuel dans le portrait actuel de notre humanité, comme il a rejoint nos ancêtres de génération en génération.
« Tu parleras ainsi aux fils d’Israël :
‘Celui qui m’a envoyé vers vous,
c’est Le Seigneur,
le Dieu de vos pères,
le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob’.
C’est là mon nom pour toujours,
c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en âge. »
(Ex 3, 15)
Tendresse et pitié
Cette fidélité de Dieu pour chacun et chacune s’exprime dans le Psaume 102 (103) où on peut relire que son lien avec notre monde est marqué de tendresse et de pitié, non pas de malveillance et d’indifférence.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.
(vv. 8.11)
La fragilité humaine
Dans sa Lettre aux Corinthiens, saint Paul leur fait prendre conscience que même si le peuple était uni à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer et qu’il était nourri spirituellement par le rocher, le Christ, ce peuple a été fragile et il s’est égaré vers le mal.
Revenons au parcours des catéchumènes. Leur cheminement ne se termine pas avec leur baptême, leur première communion et leur confirmation. Non, il s’agit d’un nouveau commencement qui les fera grandir, non pas sans rencontrer sur la route de leur vie des moments plus fragiles où ils seront tentés de prendre un autre chemin. Ils seront alors invités à se rappeler que la tendresse et la pitié de Dieu, de même que la lumière du Christ sont toujours là comme une bonne nouvelle.
René Laprise est diacre permanent de l’archidiocèse de Gatineau (Québec).
Source : Le Feuillet biblique, no 2883. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation écrite du site interBible.org.
