(Nathan Dumalo / Unsplash)

La Sainte famille : un modèle accessible?

René LapriseRené Laprise | La Sainte famille (A) – 28 décembre 2025

La fuite en Égypte et le retour : Matthieu 2, 13-15.19-23
Les lectures : Sirac 3, 2-6.12-14 ; Psaume 127 (128) ; Colossiens 3, 12-21
Les citations bibliques sont tirées de la Traduction liturgique officielle.

Il n’est pas rare d’entendre des remarques sur les familles d’aujourd’hui en les comparant aux familles des générations précédentes, de nos parents et grands-parents. La tentation est alors grande de juger et d’affirmer que c’était bien mieux avant en laissant peu de chance à la famille contemporaine. Le regard porté sur la famille n’est-il pas altéré en idéalisant la famille d’autrefois?

La question serait alors de se demander : quels sont les critères pour définir la famille idéale ou qu’est-ce qui fait qu’une famille peut vivre heureuse et être jusqu’à un certain point une famille modèle. Mais, est-ce que la Sainte famille est réellement un modèle accessible?

C’est quoi la recette à succès pour une famille? Si une famille peut bien réussir en affaire avec une entreprise familiale, de son côté la vie de famille au quotidien n’est pas un long fleuve tranquille. Non, la vie familiale est un chemin parsemé de joie, de peine, de souffrance, de discorde, de nouveaux départs ou de recommencements. Chaque famille porte d’une certaine façon des petites croix qui sont autant de défis à traverser et des occasions qui permettent la croissance et le développement vers de nouveaux sentiers.

Inspirer le respect

La première lecture de ce dimanche parle qu’en honorant ses parents, les enfants peuvent trouver le pardon et recevoir un trésor. La sagesse du livre de Ben Sira le Sage évoque également l’importance de soutenir ses parents aux jours de leur vieillesse (3,12-13).

Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse,
ne le chagrine pas pendant sa vie.
    Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent,
ne le méprise pas, toi qui es en pleine force.

Le soutien et le respect sont ainsi des gestes de miséricorde. N’est-ce pas là une valeur fondamentale dans la construction d’une famille qui inspire le respect et témoigne de l’amour de Dieu pour chacun et chacune. Chercheur de sagesse, Ben Sira avait trouvé à travers ses expériences et ses voyages à l’étranger les ingrédients d’une sagesse qui peut conduire au bonheur.

Dans le chapitre 3 sur les devoirs envers les parents, il trace les balises pour nous guider sur des sentiers qui peuvent inspirer des relations familiales et parentales qui tiennent compte des expériences vécues afin de fortifier la famille.  

Le pardon et l’encouragement

Une deuxième valeur de la famille modèle se retrouve possiblement dans la notion du pardon. Dans sa Lettre aux Colossiens, Paul propose des attitudes profondes de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. On pourrait parler de conditions gagnantes pour faire naître et grandir des familles fortes et ouvertes sur le monde.

Le Seigneur vous a pardonné :
faites de même.
    Par-dessus tout cela, ayez l’amour,
qui est le lien le plus parfait.
    Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ
à laquelle vous avez été appelés,
vous qui formez un seul corps.
Vivez dans l’action de grâce.
(3,13b-15)

Au centre de tout, c’est l’amour qui est le moteur pour mettre en marche les couples et les familles. Dans leurs relations mutuelles, les époux sont attentifs l’un à l’autre dans le respect et la fidélité. Cette même attitude se vit également dans la relation entre les parents et les enfants où les parents sont appelés à conseiller leurs enfants et les encourager. Les enfants sont alors attentifs aux conseils des parents qui prennent leur source dans l’amour inconditionnel de leur père et de leur mère et à partir de leur expérience humaine et familiale. 

Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ;
cela est beau dans le Seigneur.
    Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ;
vous risqueriez de les décourager.
(3,20-21)

Une famille à l’écoute de sa mission

Dans l’Évangile selon saint Matthieu, le récit de l’itinéraire de Marie, Joseph et de l’enfant, après la visite des mages, témoigne qu’ils ont été à l’écoute de l’ange du Seigneur qui les a guidés dans les premiers pas de leur famille. Leur itinéraire familial a été marqué par des temps d’attente, de doute et de changement. Ainsi, ils accomplissaient leur mission de protéger l’enfant pour que s’accomplisse la parole dite par les prophètes.

La route de la Sainte famille, la famille de Jésus, n’est pas étrangère à l’itinéraire de vie de nos familles d’hier et d’aujourd’hui. Cet itinéraire est parfois parsemé de doute, de changement de plan, d’appel à aller vers d’autres lieux. Ce sont ces épreuves, joyeuses comme plus difficiles, qui forgent le portrait de nos familles et leur donnent la force de poursuivre leur mission familiale dans notre Église et dans le monde d’aujourd’hui.

Enfin, il n’y a donc pas de recette à succès pour les familles. Il ne suffit que d’être à l’écoute l’un pour l’autre et à mettre au cœur de nos relations l’amour inconditionnel et le pardon comme le Père du ciel le fait pour chacun et chacune de nous.

René Laprise est diacre permanent de l’archidiocèse de Gatineau (Québec).

Source : Le Feuillet biblique, no 2914. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l’autorisation écrite du site interBible.org.

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