
(Nadia Cubedo / Unsplash)
Suggestions d’arrêts sur gestes en Jean 14,25-31
Hélène Boudreau | 19 mai 2025
Le récitatif biblique de Jean 14,25-31 a été transmis lors du Ressourcement d’été 2025. Le processus d’apprentissage s’est déroulé en présentiel sur quatre jours. Étant sur place, les participantes ont eu la possibilité de laisser la Parole creuser un espace en elles même durant la nuit. Plusieurs stratégies ont été proposées pour l’imprimer dans le corps. L’arrêt sur geste est l’une de ces stratégies privilégiées par les transmetteures de l’ACRB.
Comment se vit un arrêt sur geste
Au moment de l’arrêt, chacune s’arrête à son ressenti corporel : chaleur / froid, confort / malaise, détente / tension, etc… Elle est invitée à dire en quelques mots ce qui se passe en elle. Souvent, ce moment est suivi d’un temps d’écriture afin de consigner par écrit le ressenti ainsi que le vécu intérieur qui se manifeste. On lui accorde de la valeur en lui donnant une forme qui en facilite le rappel.
Le but des arrêts sur gestes
Les arrêts sur gestes favorisent la prise de conscience des ressentis corporels qui varient grandement d’une personne à l’autre. Ils offrent un accès à ce qui se vit intérieurement.
Plusieurs raisons amènent la transmetteure à proposer un arrêt sur geste. Cette technique d’animation favorise l’ancrage de la Parole dans tout l’être. En invitant les appreneures [1] à nommer leur ressenti corporel, le lien entre la Parole et ce qu’elles vivent se nourrit. Les arrêts sur geste peuvent laisser entrevoir ce qu’il y a de commun entre leurs expériences personnelles et l’expérience humaine de Jésus. Ils permettent l’inscription de la Parole au plus profond de leur être.
Une fois l’ancrage opéré, la mémorisation du texte devient plus aisée : les mots deviennent porteurs de sens. La mémorisation en profondeur permet de se mettre à l’écoute de ce qui rejoue. Y prêter une attention ouvre une brèche pour accueillir ce que la Parole veut enseigner à ce moment de l’histoire personnelle.
Quelques exemples possibles
Nous vous proposons quelques arrêts sur gestes possibles avec le récitatif basé sur Jean 14,25-31.
« Je vous ai parlé de celaquand je demeurais auprès de vous [2] »
Le verset d’ouverture (Jean 14,25) offre une proximité au Christ. Il « demeure auprès de » nous. Le geste proposé est simple : les deux mains, paumes tournées l’une vers l’autre, espacées selon la largeur du corps, (Quand je demeurais) descendent en parallèle pour s’arrêter au niveau des hanches.
Dans le partage oral bref qui suit l’arrêt sur geste, certaines ont indiqué ressentir de la chaleur, de la stabilité. D’autres parlent de la proximité du Seigneur, de sa présence à côté et/ou à l’intérieur de soi. Plusieurs ont été profondément émues.
« La paix, je vous laisse »
Jean 14,27. Le geste reprend un mouvement de bénédiction : les deux mains élevées au niveau de la tête, espacées selon la largeur des épaules, paumes tournées vers l’extérieur, descendent tout doucement jusqu’au niveau de la poitrine pour s’espacer davantage vers l’extérieur, tout en conservant la verticalité des paumes et des doigts.
Lors de l’arrêt sur geste, certaines peuvent ressentir un inconfort pour conserver la paume orientée vers l’extérieur tout en pliant le poignet. Faire la paix demande un effort ! D’autres peuvent goûter la fluidité et la continuité du geste ou en apprécier la simplicité. On peut expérimenter la proximité, avec les personnes qui nous entourent, le lien qui nous unit. Par le geste et le regard, cette paix reçue est transmise aux personnes présentes. Ce verset rappelle le moment d’échange de la paix lors de nos liturgies en Église.
« Parce que je vais vers le Père »
Jean 14,28. Dans ce verset, on retrouve un énoncé de mission, l’essentiel du parcours de Jésus : aller vers le Père. Le geste est relativement simple : la main dominante, placée centrée au-dessus de la tête, paume tournée vers le côté dominant, descend tout doucement... Elle passe par le milieu du corps en allant le plus bas possible.
En voyant le geste, des appreneures manifestent de la surprise. Quelques-unes sont désarmées par cette descente intérieure. En faisant ce geste, certaines vivent un inconfort physique, une tension dans le pli du poignet qui s’accentue à mesure que la descente se poursuit. D’autres se sentent physiquement connectées à ce qu’elles perçoivent comme le plus profond en elles ; d’autres encore disent avoir touché l’essentiel de leur vie. Plusieurs expriment un désir plus grand d’être en lien avec le Seigneur.
Le mot de la fin
Plusieurs autres arrêts sur geste pourraient être vécus. L’essentiel est de prendre le temps de s’arrêter et de constater l’effet que la Parole a en soi. Les surprises et les découvertes peuvent abonder. Un chemin nouveau peut se présenter. Tout dépend de l’ouverture et de l’accueil que la personne vit dans son aventure intérieure avec la Parole.
Hélène Boudreau est transmetteure de l’Association canadienne du récitatif biblique.
[1] L’utilisation du féminin inclut le masculin. Comme il y a beaucoup plus de femmes qui participent aux sessions.
[2] Toutes les citations sont le fruit de la traduction faite par sœur Hélène Pinard, FCSCJ, 2025.
