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Comprendre la Bible
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chronique du 25 février 1999

 

Dans quelle langue la Bible a-t-elle été écrite?

Presque tous les textes de la bible ont d'abord été écrits soit en hébreu, soit en grec. Ce que nous lisons aujourd'hui dans nos bibles ou lors de nos célébrations liturgiques est donc une traduction... Mais ne nous arrêtons pas là. La question mérite qu'on s'y attarde.

Figure 1 :
Quelques versets du premier chapitre de la Genèse (en hébreu).

 

Figure 2 :
Un extrait de la lettre de Paul aux Thessaloniciens (en grec).

     L'hébreu est la langue d'une grande partie de ce que nous appelons l'Ancien Testament. Il appartient à une famille de langues dites sémitiques, comme l'arabe que nous entendons à l'occasion. De fait, l'hébreu et l'arabe partagent un grand nombre de racines et de mots. Sans être identiques pour autant, ce sont des langues apparentées.

     L'hébreu de la Bible est dit « classique » -- pour le distinguer de l'hébreu « moderne ». Je connais des Juifs qui parlent l'hébreu moderne sans comprendre l'hébreu classique des Écritures. Ils peuvent le lire, mais n'en comprennent pas tous les mots ou toutes les nuances. Un peu comme si nous-mêmes lisions de l'ancien français.

     Dans la Bible, les livres en hébreu s'échelonnent sur une période de plus de mille ans. Au cours des siècles, la langue a évolué. Une partie du travail des spécialistes de l'Ancien Testament consiste à situer dans le temps chacun des écrits de la Bible. Le vocabulaire -- qui se modifie selon les époques -- est l'une des clés utilisées pour y parvenir. Mentionnons aussi que l'araméen, une langue très proche de l'hébreu, apparaît dans quelques passages de l'Ancien Testament (livres d'Esdras et de Daniel).

     Plus de trois cents ans avant Jésus-Christ, Alexandre le Grand conquiert la « Palestine ». La « Terre Sainte » fera donc partie d'un immense empire où la langue d'usage est le grec. Les Juifs du pays continuent de transmettre l'hébreu comme langue sacrée alors qu'ils parlent l'araméen. Mais les Juifs de la diaspora -- les régions éloignées -- commencent à traduire et à composer des livres en grec. Le résultat de ce travail est la version grecque dite de la Septante, qui remonte à quelque 250 ans avant Jésus-Christ. Dans l'Ancien Testament, catholiques et orthodoxes ont conservé une partie de ces livres dont l'original que nous avons est en grec. On les appelle les livres deutérocanoniques (qui ont été reconnus dans un deuxième temps).

     Le Nouveau Testament que nous connaissons vient tout entier du grec. Des sections ou des versions anciennes de quelques livres ont pu connaître une première rédaction en araméen, la langue d'usage de Jésus et des Douze. C'est une hypothèse valable. Mais en pratique, seuls des écrits en langue grecque nous sont parvenus. Très tôt, en effet, les communautés chrétiennes se répandent à l'extérieur du pays de Jésus. La langue usuelle, celle qui permet de franchir les frontières, c'est le grec.

     Les communautés chrétiennes adoptent très rapidement le texte grec même pour l'Ancien Testament. Au quatrième siècle, saint Jérôme traduit la Bible en latin -- la Vulgate : une traduction largement répandue jusqu'à tout récemment dans l'Église catholique. Aujourd'hui, la plupart de nos traductions françaises se fondent pour l'Ancien Testament sur une version hébraïque du texte (à l'exception de quelques livres) et, pour le Nouveau, sur une version grecque.

Guylain Prince

Source: Parabole, Volume XXI, numéro 1, p. A.4

Article précédent :
Pourquoi y a-t-il tant de traductions françaises de la Bible?