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LES QUATRE ÉVANGÉLISTES (3/3)

 

Renseignements sur les évangélistes

JEAN-PAUL MICHAUD*

| Introduction | Témoignages anciens |

 

L'évangéliste Marc

Les traditions anciennes l'identifiaient au Jean surnommé Marc, originaire de Jérusalem, qui avait pour mère une certaine Marie chez qui se réunissait, selon les Actes des Apôtres (12,12), la première communauté chrétienne de Jérusalem. Certains l'identifient au jeune homme anonyme (Mc 14,51-52) et en feraient ainsi un jeune disciple de Jésus ou quelqu'un, du moins, qui aurait connu Jésus. Il accompagna Paul et Barnabé, son propre cousin (Col 4,10), dans un premier voyage missionnaire (Ac 12,25), se sépara d'eux (Ac 13,13) et repartit ensuite avec Barnabé (Ac 15,39). On le retrouve à Rome aux côtés de Paul prisonnier (Phm 24), qui le charge probablement d'une mission en Asie mineure (Col 4,10) et finalement le rappelle auprès de lui (2 Tm 4,11). Dans 1 P 5,13, il est appelé le « fils très cher » de Pierre, ce qui correspond aux données traditionnelles qui en font aussi le compagnon de Pierre et son interprète. Pour nous, Marc est surtout un texte, qui possède l'autorité d'un témoignage apostolique, d'un témoignage venu des apôtres. Malgré des dissidences importantes contestant la priorité de Marc, la majorité des commentateurs datent sa rédaction des années 65-70 et en font, chronologiquement, le premier des évangiles, même s'il est deuxième dans l'ordre biblique.

L'évangéliste Matthieu

MatthieuSelon la tradition, l'auteur du premier évangile canonique serait Matthieu, l'un des douze apôtres de Jésus (voir Mt 10,3; Mc 3,18 et Lc 6,15). L'évangile le présente comme un collecteur d'impôts (Mt 9,9; 10,3). Selon le témoignage de Papias, Matthieu aurait mis « en ordre les logia [ou paroles de Jésus] dans la langue hébraïque », c'est-à-dire probablement en araméen. Cet évangile araméen n'a pas laissé de traces. Mais dans la pensée de Papias, il « autorise » vraisemblablement la version grecque (notre Matthieu) qu'il a entre les mains. Sous cette autorité, le premier évangile reçoit donc, lui aussi, valeur de témoignage apostolique. Mais si l'apôtre Matthieu a pu être au point de départ de la tradition évangélique qui porte son nom, le texte actuel du Matthieu grec n'est pas de lui. Son auteur n'est pas connu. À partir de ce texte, on peut dire, néanmoins, qu'il s'agissait d'un lettré juif devenu chrétien. Il correspondrait assez bien au scribe « qui tire de son trésor du neuf et du vieux » (Mt 13,52). Pour expliquer la complexité de l'évangile, certains exégètes parlent même d'une « école matthéenne » qui aurait conservé et interprété des traditions évangéliques et serait collectivement responsable de l'évangile actuel de Matthieu. La date de l'évangile de Matthieu est aussi discutée, mais la quasi-unanimité des exégètes contemporains placent sa composition dans les années 80.

L'évangéliste Luc

On n'a pas de témoignage de Papias sur Luc. Irénée de Lyon (mort vers 202) écrit dans son livre Contre les hérésies (Adversus Haereses, III, 1, 1) que « Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l'Évangile que prêchait celui-ci ». À la fin du IIe siècle, également, le Canon de Muratori (la plus ancienne liste des livres canoniques du Nouveau Testament) dit, dans un texte compliqué : « Le troisième livre de l'Évangile est selon Luc. Luc est ce médecin qui, après l'ascension du Christ, fut emmené par Paul... et qui écrivit en son nom selon la pensée [de Paul], car il n'a pas connu le Seigneur de son vivant... et commença son récit à la naissance de Jean ». Les textes du Nouveau Testament confirment ces données. Luc y est appelé médecin (Col 4,14), collaborateur de Paul (voir Phm 24; 2 Tm 4,11 et certains passages des Actes des Apôtres où l'auteur paraît rapporter des souvenirs personnels : les extraits utilisant le pronom personnel « nous » en 16,10-17; 20,5-15; 21,1-18; 27,1 - 28,16). Luc est aussi l'auteur des Actes des Apôtres (cf. Ac 1,1), qui est en fait la seconde partie d'un seul ouvrage -- l'évangile constituant la première partie. Les critiques actuels situent en général la rédaction de l'évangile vers les années 80-90. Le livre des Actes aurait été composé légèrement après.

L'évangéliste Jean

Dans le chapitre 21, qui est une addition à l'évangile original de Jean, l'auteur du quatrième évangile est identifié avec « le disciple que Jésus aimait » (21,24). À partir du IIe siècle, les traditions ecclésiastiques (Irénée, Clément d'Alexandrie) le nomment Jean et l'identifient avec l'un des fils de Zébédée, l'un des Douze. Mais les études scientifiques modernes ont considérablement modifié ces vues d'autrefois. Si la tradition originelle pourrait, d'une manière obscure, se rattacher à l'apôtre Jean, la critique reconnaît aujourd'hui que cette tradition a connu un long développement, une transmission orale et écrite, puis diverses étapes de rédaction avant d'aboutir à notre évangile actuel. Cette longue maturation, au sein de ce qu'on peut appeler une « école » johannique, ne permet donc plus de parler du témoignage oculaire d'un auteur, mis par écrit d'un seul trait au lendemain des événements. La publication du quatrième évangile, en son état final, est ordinairement datée de la fin du premier siècle, entre 90 et 100.

* Jean Paul Michaud est professeur émérite de l'Université Saint-Paul (Ottawa).

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La disposition des linges dans le tombeau de Jésus (Jn 20,5-8)