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Symbole biblique
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chronique du 4 novembre 2005
 

L'Alpha et l'Oméga
 

« Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le Principe et la fin. » (Ap 22,13) Le dernier chapitre de l'Apocalypse de Jean est très dense. Il résume le premier et le second testament. L'Église primitive reprendra volontiers le symbole de l'Alpha et de l'Oméga en les gravant sur les lampes à huile. Dans les catacombes de Saint-Sébastien et de Domitille ces symboles primitifs, accompagnés parfois d'un christogramme, témoignent d'une théologie populaire très répandue. À Uyun Musa en Jordanie une mosaïque du VIe siècle représente un aigle entouré des deux lettres : Alpha et Oméga. Le symbole de l'aigle appliqué à Dieu en Ex 19,4 le sera également au Christ.

Primauté du Christ

     Jésus est défini comme le principe et la fin dans plusieurs passages de l'Apocalypse de Jean. Cette affirmation de la primauté absolue du Christ reprend le message du Prologue de l'Évangile qui renoue avec le bereshit du livre de la Genèse. Commencement de tout puisque tout fut par lui. Fin de tout, puisque les temps derniers sont inaugurés par la résurrection de Jésus d'entre les morts.

     En Ap 1,17-18, dans la vision préparatoire aux lettres des Églises d'Asie, le Fils d'homme affirme : « Ne crains pas, c'est moi, le premier et le dernier, le vivant; j'ai été mort et me voici vivant pour les siècles, détenant la clé de la mort et de l'Hadès. » Le Prologue de Jean orchestrait déjà ce message : « De tout être il était la vie et la vie était la lumière des hommes. » (Jn 1,4)

D’Isaïe à Jean

     Le thème du premier et du dernier s'enrichit ici de la force du thème de la vie lui-même lié au thème de la lumière. Le thème du premier et du dernier provient du courant spirituel qui prend sa source dans le livre de la consolation d'Israël où il apparaît trois fois. Is 41,4 souligne la parenté indéniable de la formule avec le commencement de la création : « Quel est l'auteur de cette geste, sinon celui qui appelle les générations dès l'origine? Moi Yhwh qui suis le premier et serai avec les derniers. » Is 44,6 affirme l'unicité de la divinité de Yhwh. L'idée de la domination absolue de Dieu est orchestrée : « Qui a fait entendre dès l'origine ce qui devait arriver, et les choses à venir, qu'on nous les révèle? Qui d'autre que Dieu peut le faire? »

     Is 48,12-16 dans un contexte messianique et eschatologique énonce : « C'est moi qui suis le premier et le dernier. La puissance créatrice de Dieu en découle. »

     C'est le premier Testament qui fonde ce symbole. Seul des judéo-chrétiens connaisseurs de l'Écriture pouvaient en montrer l'accomplissement dans le Christ.

Jumelage de l’Alpha et de l’Oméga

     La juxtaposition de la première et de la dernière lettre de l'alphabet ne se retrouve pas dans le premier Testament. Les spéculations hellénistiques sur la symbolique des lettres sont connues. Le judaïsme rabbinique les reprend. Il parlera de la Tora d'aleph à taw pour exprimer toute la Tora. Lorsque Yhwh est identifié avec la vérité (emet) le Midrash Genèse Rabbah explique que la vérité de Dieu consiste à connaître le début symbolisé par la première lettre aleph, le milieu symbolisé par la lettre centrale de l'alphabet, mem, et par la fin de toutes choses symbolisée par la dernière lettre de l'alphabet, taw.

     La métaphore Alpha et Oméga s'explique donc à partir des relations début-fin et premier-dernier. Jésus est celui de qui tout procède et vers qui tout s'oriente. Origène dans son commentaire de l'Évangile de Jean 1,34-35 approfondit le thème.

     Ap 1,8 est encore plus significatif : « C'est moi l'Alpha et l'Oméga. Il est, il était et il vient, le Maître de tout ». « Il est » est le Nom de Dieu. Ainsi Ap 1,8 inclut l'incarnation de la divinité. L'histoire est marquée par le temps et la succession. « Il vient » rappelle l'attente eschatologique qui est fondamentale dans l'Église des origines.

     À noter qu'il arrive parfois que les témoins archéologiques inversent les lettres oméga et alpha. Il ne s'agit pas d'une erreur, mais d'une intention volontaire. Pour le fidèle qui a observé les préceptes du Seigneur la fin de la vie terrestre (l'oméga) correspond au début de la béatitude céleste (alpha). Pour celui qui est fidèle jusqu'au bout le Paradis des origines est à nouveau ouvert.

Frédéric Manns, OFM

Source : La Terre Sainte (novembre-décembre 2002) 322-323.

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Or, encens et myrrhe