
Donald Trump tel que le percevait un artiste lors de son premier mandat comme président des États-Unis (Ralf Genge / Pixabay).
Le diable et le pouvoir politique
Sylvain Campeau | 3 mars 2025
Quand il essayait de tromper Jésus, le diable a dit que tous les royaumes de ce monde lui ont été livrés (Luc 4,6). Est-ce un mensonge? Aidez-moi à comprendre. (E. Wilder)
Les récits de la tentation de Jésus (qu’on ne retrouvent pas seulement chez Luc) expriment une expérience humaine fondamentale que même Jésus n’a pas pu éviter. Le verset auquel vous faites référence parle, de manière pessimiste, du pouvoir politique. Ce pouvoir s’inscrit dans une manière de comprendre le monde qui est très éloignée de ce que l’on pense aujourd’hui. Selon cette vision antique, le ciel est le lieu où Dieu exerce son pouvoir alors que la terre, en bas, est le domaine concédé au diable. C’est sans doute une manière d’expliquer l’origine du mal sur la terre.
Affirmer que le pouvoir politique « appartient » au diable, c’est porter un jugement sévère sur la manière dont il est exercé. C’est aussi dire, comme le suggère François Bovon dans son commentaire de Luc, que « les princes ne tiennent leur pouvoir ni de Dieu ni du peuple, mais du diable. Ils s’inclinent donc devant le diable et non devant Dieu, ou, pour le dire en termes non mythologiques, ils exercent leur pouvoir dans leur propre intérêt et non comme un service. » [1]
Quand on est confronté à l’exercice du pouvoir aujourd’hui, ce récit nous invite donc à résister à la tentation de l’utiliser dans son propre intérêt. L’exemple du lavement des pieds que nous allons proclamer bientôt dans la liturgie (jeudi saint) nous donne une toute autre direction à suivre : celle de l’humilité et du service.
Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Sylvain Campeau est responsable de la rédaction.
[1] François Bovon, L’évangile selon saint Luc, 1-9, Labor et Fides (Commentaire du NT, Deuxième série), 1991, p. 194.
