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Initiation à la Lectio divina (5/6)
 

La Contemplatio (4e étape)

La grâce du repos en Dieu

Avant d’avancer quoi que ce soit sur la quatrième étape de la Lectio divina, je vous dirai d’abord que la contemplation est une grâce, donc une gratuité du Seigneur. Elle n’a rien à voir avec le mérite mais elle a tout à voir avec la réceptivité et l’accueil. La mise en disponibilité de tout l’être est exigée. Mais le meilleur chemin, sinon le seul, qui conduit à la contemplation, c’est celui de la charité fraternelle et sur ce point, les maîtres spirituels sont unanimes : « Mon Dieu, priait Maurice Zundel sj, apprenez-moi à faire de tout contact humain » une communion avec vous. »

La mise en disponibilité

     Arrive donc à ce moment de la prière, la mise en disponibilité. Ce que les mystiques appellent le repos en Dieu. Ce repos consiste à descendre  au fond de nos contrées intérieures  pour écouter le murmure de Celui qui y habite. Il s’agit d’un silence plein et gratuit où les mots ne servent plus à rien. Seule compte l’intensité de ce silence. C’est le moment de l’adoration contemplative. C’est souvent une question de minutes. C’est l’intensité de notre prière qui lui donne son poids d’éternité et cela malgré notre difficulté à faire silence dans le tourbillon de la vie. « Contempler, disait Charles de Foucault, c’est regarder Jésus en l’aimant. » Et pourtant, c’est le même Charles qui écrivait : « Seigneur, je ne sais si je t’aime, ni si tu m’aimes.» La contemplation peut donc se faire dans l’aridité et le doute…

L’expérience du regard

     Quand on regarde un coucher de soleil sur la mer, la rivière ou le fleuve, on ne détaille pas ce que l'on voit. On se contente de regarder et de trouver cela beau, très beau. Quand on est amoureux, la présence de l'être aimé nous suffit. Souvent les mots sont de trop. Ils peuvent même briser la magie de l'instant précieux.

Une difficile descente en soi

     La contemplatio est le moment de louer, de se sentir bien, de se laisser couler dans l'immensité de Dieu. Cette étape peut sembler facile puisqu’elle consiste à ne rien faire, que de Le laisser faire mais l’expérience a prouvé que c'est la plus difficile car notre société a horreur du silence. On nage dans un univers de bruits, de vacarme. C'est pourquoi cette descente en soi est malaisée et plusieurs peuvent même abandonner la pratique de la Lectio divina.

Une expérience de guérison

     La contemplatio, aux dires de ceux qui s’y adonnent régulièrement, nous guérit peu à peu de ce complexe de l’être pécheur qui imagine Dieu incapable d’apaiser ses soifs, ses désirs et ses faims. Chercher l’apaisement hors de Dieu, c’est encore une fois répéter l’errance d’Augustin : « Tu étais au-dedans de moi et moi j’étais au-dehors. Et c’est là que je t’ai cherché. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec moi. »

     Comment Dieu ne pourrai-il pas combler le désir qu’il a lui-même creusé? Quand Dieu creuse des espaces, c’est pour les envahir. La souffrance aussi creuse des vides. Il faut alors se demander : Qu’est-ce qui est en train de naître? Toute naissance s’accomplit dans la souffrance. Aux yeux de Dieu, la souffrance est beauté. Lors de la découverte d’une mosaïque ensevelie sous des tonnes de détritus à Beyrouth, au Liban, un archéologue a prononcée ces paroles dans un souffle : « La beauté gisait au fond de la blessure. » Quelle justesse dans ces paroles facilement applicables dans nos moments de souffrances et de deuil.

Le fruit mûr de notre prière

     La contemplatio, nous l’avons dit, n’est pas un état qui nous est accessible par nos propres moyens et encore moins par nos efforts personnels. Elle est le fruit mûr qui naît de l’oratio. Elle est un concours de deux attitudes : celle du Christ et la nôtre. Attitudes qui acheminent vers la présence tranquille de la créature devant son Créateur. La contemplatio ce n’est que cela. Donc ni extase, ni expérience extraordinaire. C’est, l’expérience de deux regards. Jean de la Croix, ce grand mystique disait dans sa prière : « Regarde-moi, Seigneur, que je puisse te regarder à mon tour. » Évidemment, il est d'une grande importance de demander les lumières de l'Esprit saint avant et pendant les différentes étapes. C'est lui le Grand Maître à prier. Lui seul peut nous rendre capables de gratuité.

 

Ghislaine Salvail, SJSH

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2284. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Initiation à la Lectio divina - L'Oratio (3e étape)

 

 

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