Jusque vers la fin du XI^e siècle av. J.-C., le gouvernement de l’ancien Israël fut théocratique. L’instauration de la monarchie eut pour cause trois événements : 1) le désastre de l’armée d’Israël vaincue par les Philistins à Afeq vers 1050 (1 S 4,1-3) ; 2) la capture de l’Arche d’Alliance (1 S 4,4-12) ; 3) la ruine du sanctuaire national de Silo.

Commémoration philatélique

La philatélie d’Israël a voulu commémorer ce fait de l’instauration de la monarchie par trois timbres, multicolores, dédiés aux trois premiers rois, Saül, David et Salomon. Leur émission eut lieu à l’occasion du Nouvel An juif 5721, 13^e année de l’État d’Israël, année 1960 de notre calendrier.

La bandelette de ces trois timbres-poste est illustrée par une couronne royale et par l’inscription, en hébreu et en français, des mots : « Les rois d’Israël ». Sur les centaines de timbres israéliens photographiés dans le livre Filatelia Biblica, ce sont trois des seuls quinze timbres qui utilisent la langue française, presque tous les autres empruntant la langue anglaise en plus de l’hébreu.

Saül

Saül régna vers 1020 av. J.-C. En tant qu’il fut désigné par Dieu et doué d’un charisme pour sa mission de libérateur, il était semblable aux juges qui l’avaient précédé. Mais en tant qu’il fut ensuite reconnu et acclamé par le peuple de Dieu, il acquit le caractère d’un roi constitutionnel, même s’il n’y avait pas encore de lois réglant la royauté.

Un timbre de 7 agorot, sur fond vert, fait voir Saül assis sur un trône royal, une lance à la main droite, une épée à la main gauche. À côté est inscrite en hébreu la légende : « Joyeuse Fête 5721 ». Sur la bandelette son nom Saül se trouve sous une couronne royale et les mots « Les rois d’Israël » en hébreu et en français.

Le prophète Samuel l’avait sacré secrètement (1 S 9,17 – 10,1), mais ensuite il fut désigné roi par le sort lors de la convocation des douze tribus (1 S 10,17-24).

Il eut une première victoire sur les Amonites et gagna plusieurs guerres contre les Philistins ; mais Dieu lui fit des reproches par l’intermédiaire du prophète Samuel et il mourut lors d’une bataille sur le mont Gelboé. Son cadavre et ceux de ses fils furent incinérés et ensevelis avec honneur. C’est l’unique cas d’incinération rapporté par la Bible.

David

David fut roi d’environ 1010 à 975 av. J.-C. Le timbre de 25 agorot, sur fond « sépia », le représente debout, le genou droit appuyé sur un banc décoré d’une étoile de David, jouant d’une harpe posée sur le banc. Une épée pend à sa ceinture. Son nom est inscrit sur la bandelette, sous « Les Rois d’Israël » en français. David a été à la fois un chef politique et un homme charismatique. Depuis son sacre il a été animé de l’Esprit de Dieu. Il fut un chantre de grande qualité. Et il réussit à faire l’unité politique entre le nord et le sud du pays, unité qui disparut après Salomon.

Comme Saül, il fut à la fois un roi sacré par Samuel et accepté par le peuple de Dieu. Après avoir été persécuté par Saül, il conquit Jérusalem et en fit la capitale du royaume. Il prépara la construction du Temple et reçut la promesse d’une dynastie perpétuelle. Il fit venir l’Arche d’alliance depuis Qyriat-Yearim jusqu’à Jérusalem pour mettre au premier plan le culte de Yahveh et pour accentuer l’autorité de sa nouvelle capitale. (2 S 6). Il consolida la monarchie, assura la sécurité de son peuple et lui donna une supériorité sur tous les peuples voisins, qui auparavant le harcelaient et l’envahissaient.

Le roi David a été représenté sur plusieurs timbres par la suite. Par exemple, il est le sujet principal d’une œuvre de Marc Chagall sur un timbre de 1 livre émis en 1969. En 1995, on le retrouve sur un timbre célébrant les 3000 ans de la Ville sainte aussi appelée cité de David. Le monarque y est représenté selon une mosaïque d’une synagogue de Gaza (6^e siècle). En 1999, il apparait sur l’un des timbres de la série les « visiteurs » de la soucca (la tente rituelle) d’un rabbin célèbre des Pays-Bas. Les peintures de cette série sont l’œuvre d’un artiste inconnu et ornaient la soucca de Immanuel Löw (1854-1944). Et plus récemment, en 2022, on retrouve le nom du roi sur une inscription devenue célèbre où l’on mentionne la « maison de David » selon plusieurs épigraphistes.

Salomon

Salomon fils de David, fut roi d’environ 975 à 935. Un timbre, sur fond bleu, le représente assis sur un trône, portant une grande barbe, tenant à la main gauche une balance, symbole de la justice, et à la main droite un parchemin sur lequel est dessiné le plan du Temple.

Les onze premiers chapitres du Premier livre des Rois rapportent son sacre et son œuvre de construction du Temple. Il régna pendant 40 ans. Son règne fut l’apogée de la monarchie d’Israël. Affermi sur le trône dont il avait hérité de son père David, il réussit de manière pacifique à se faire respecter par les peuples voisins, qui reconnaissaient la puissance d’Israël.

Son œuvre principale fut la construction du Temple et l’organisation du culte de Yahveh ; grâce à quoi Jérusalem devint pour toujours le centre religieux d’Israël. Sa sagesse, sa gloire, son gouvernement pacifique et sa réalisation du Temple en font une figure du Christ.

Agripino Cabezón, ofm

Source : La Terre Sainte, janvier-février 2002.